Imaginez que, suite à un incroyable glissement de terrain à l’échelle planétaire, le Brill Building 60’s new-yorkais, la Californie et sa sunshine pop et le swinging London teinté de mélancolie de Ray Davies se soient retrouvés concentrés sur la French Riviera.
Imaginez un savant fou (mais de bon goût, pour une fois) qui aurait greffé les cordes vocales des Everly Brothers dans la tête de George Harrison, le tout sur le corps de PF Sloan (et avec les mains de Roger Mac Guinn…).
Imaginez (je sais que c’est beaucoup demander à un auditeur de 2020) un disque UNIQUEMENT constitué de bonnes chansons parfaitement interprétées (vous voyez… je sentais bien que ça allait dépasser votre imagination…) et jouées avec fougue et passion (et des boots impeccables).
Vous lisez ces lignes et je vois bien (car je vous vois parfaitement devant votre ordinateur, malgré les traces de doigts et la poussière) que vous n’en croyez pas vos yeux. Eh bien attendez-vous à n’en pas croire non plus vos oreilles (ce qui ne vous laisse plus grand-chose en quoi croire…) à l’écoute de ce fantastique album des BRATCHMEN, un disque miraculeux qui couvre à lui seul tout le spectre de la POP : 14 compos sonnant comme des classiques instantanés, refusant de choisir entre la power pop américaine et le rock anglais, entre le fun et la mélancolie, entre la finesse et l’énergie (ils ont toujours voulu les Byrds et l’argent des Byrds). Guitares 12 cordes vintage… rythmique suave… voix (au pluriel) merveilleuses, lead vocals délicats et chœurs à la tierce, gravissant sans effort des himalayas pop comme Wonderful Baby ou susurrant à l’oreille des jeunes filles de séduisantes ballades comme (My baby’s gone with the) Cha Cha Cha… avec de tels ingrédients subtilement dosés comme dans le plus délicieux des cocktails, seul un cœur d’artichaut ou un sourd muet pourrait ne pas tomber instantanément amoureux de ce disque.
Alors que dire de plus ? Je pourrais bien sûr m’étendre sur leur impressionnant CV (les mythiques Rôdeurs, les insubmersibles Playboys, les légendaires Dum Dum Boys et plus récemment les très mystérieux WarmBabies), insister sur leur insolente classe vestimentaire (ils en remontrent aux mods italiens les plus maniaques), leur charme de timides qui osent tout, voire même leurs talents de cuisinier mais ça ne servirait qu’à aiguiser plus encore l’envie des filles et la jalousie teintée d’admiration des garçons…
Alors sortez plutôt cet album de sa – superbe – pochette, posez le sur la platine (vinyle !), servez-vous un Martini Dry avec une olive et relaxez-vous avec ce disque des BRATCHMEN, un disque hors du temps, totalement à côté de la plaque à sa sortie en 1994 (souvenez-vous… le grunge, les pantacourts, la fusion, le trip hop…), encore plus décalé aujourd’hui pour sa réédition en vinyle tant attendue (depuis 26 ans !), un disque qui, s’il n’a malheureusement pas réussi à éliminer le trip hop et les pantacourts, a choisi de superbement les ignorer.
Hors mode donc indémodable, hors du temps donc intemporel… les BRATCHMEN !

Didier Balducci


Imagine that, following an incredible landslide on a global scale, the 60's New York Brill Building, plus California and its sunshine pop and the swinging London found themselves gathered all together on the French Riviera…
Imagine a mad scientist (but of good taste, for once) who has grafted the Everly Brothers’ vocal chords in George Harrison's head, and fixed it on PF Sloan's body (with the hands of Roger Mac Guinn...)…
Imagine (I know it's a lot to ask a 2020 listener) a record ONLY made up of good songs perfectly performed (you see... I had a feeling it was going to be beyond your imagination...) and played with passion and ardour (and impeccable boots).
You read these lines (because I can see you perfectly in front of your computer, despite the fingerprints and dust) I can see you don't believe your eyes.
Well, expect not to believe your ears either (which doesn't leave you much to believe in...) when you listen to this fantastic BRATCHMEN LP, a miraculous record that covers the whole spectrum of POP : 14 original songs sounding like instant classics, refusing to choose between American power pop and English rock, between fun and melancholy, between finesse and energy. Vintage 12-string guitars... smooth rhythm... wonderful vocals, delicate lead vocals and backing vocals in thirds, effortlessly climbing up pop Himalayas like Wonderful Baby or whispering seductive ballads like (My baby's gone with the) Cha Cha Cha... with such subtly dosed ingredients as in the most delicious of cocktails, only an artichoke heart or a deaf mute might not fall instantly in love with this record.
So what more can I say? I could of course dwell on their impressive resumes (the mythical Rôdeurs, the unsinkable Playboys, the legendary Dum Dum Boys and more recently the very mysterious Warmbabies), insist on their insolent clothing class (they go back to the most maniacal Italian mods), their charm of shy people who dare everything, even their cooking skills, but that would only serve to sharpen even more the envy of the girls and the jealousy tinged with admiration of the boys...
So take this album out of its - superb – cover sleeve, put it on the turntable (vinyl!), help yourself to a Dry Martini with an olive and relax with this BRATCHMEN record, a record out of time, totally out of place when it was released in 1994 (remember... grunge, baggy trousers, fusion, trip hop...), even more out of date today for its long-awaited vinyl re-release (26 years!). ), a record which, if it unfortunately didn't manage to eliminate trip hop and baggy trousers, chose to superbly ignore them.
Out of fashion therefore timeless, out of time therefore timeless... the BRATCHMEN!


℗ & ©2020 Ave The Sound ! / The Bratchmen / AV046